jeudi 4 novembre 2010

Entre ciel et terre, Jón Kalman Stefánsson


Le dernier roman de Jón Kalman Stefánsson est aussi le premier à avoir été traduit en français.
À « Himnaríki og helvíti » en islandais (l’enfer et le paradis), la version française a préféré « Entre ciel et terre ». 
Une œuvre qui interroge sur le pouvoir du langage, la beauté et le sens des mots ; ces mots qui exultent, ivres de vie, de joie et de rêves, ces mots qui souffrent aussi et nous renvoient à nos solitudes. 
Ces mots qui nous font et nous défont, à moins que ce ne soit l’inverse....


Sous ces hautes latitudes, le décor est rude.
Le lecteur arrive dans un petit village de pêcheurs en Islande, au fond d’un fjord de l’ouest de l’île.
Tout est gris et sombre. La terre, la mer et le ciel inhospitaliers.
Le vent souffle fort. Le froid cingle. 
Les images me reviennent au compte-gouttes. 
J’ai refermé le livre il y a trois mois mais je ne pouvais pas en parler, ni l’écrire tant il m’a bouleversé ; cette force, ce pouvoir dans les mots….
C’est la saison de la morue. Ici, quelques hommes vivent et meurent de la pêche. 
Bárður est un marin passionné de livres. Au moment où Jón Kalman Stefánsson le raconte, il s’enivre de la prose de Milton « le paradis perdu », au point d’en oublier sa vareuse au baraquement des pêcheurs. A ses côtés, un jeune garçon. On ne saura jamais son prénom. Lui aussi s’est laissé gagné par la magie des mots au point de vouloir « accomplir quelque chose dans cette vie, apprendre les langues étrangères, parcourir le monde, lire un millier de livres ».
Ce garçon est orphelin. Il ne lui reste qu’un frère qui vit loin derrière la montagne. Mais Bárður, c’est un peu son père, son frère et un ami…enfin, c'était. Car le vent glacial qui souffle sur la barque aura raison de lui. 
Esseulé, abandonné, le garçon voudrait rejoindre Bárður dans la mort, fuir la vie. Après tout, quand on ne connaît que le ciel et la mer, peut-on trouver sa place sur terre ?
Pourtant, c’est sur cette terre islandaise noire et glacée qu'il débute son voyage initiatique. Sur son parcours,  des personnages qui tous, derrière leurs apparences rugueuses et un brin austères, lui insuffleront la lumière qui lui permettra de reconsidérer sa destinée. 
Continuer de vivre, pour s’éloigner de l'obscurité.



"Entre ciel et terre" est un livre fort, qui lie le pouvoir des mots à la notion de liberté. Un grand poème, qui de la première à la dernière page, explore les secrets de l’âme humaine ; se heurte à ses parois enténébrées tout en y instillant lumière, espoir et amour.

Et le tout traduit avec grâce par Eric Boury….

Jón Kalman Stefánsson 
« Douce est la brise matinale, douce l’arrivée du jour. La suivent les notes mélodieuses, des oiseaux levés, qui l’oreille enchantent. Nulle chose ne m’est plaisir en dehors de toi. »



1 commentaire: