(illustration de norvégiens dans une taverne par Bayard Taylor dans son livre de voyage)
Mais qui est donc ce Bayard Taylor ? Et comment peut-il affirmer que les norvégiens sont laids et idiots ? Révélations sur une œuvre qui ne laissera pas de marbre les habitants du royaume.
« Rustres », « stupides », « malpropres », Bayard Taylor ne manque pas de qualificatifs quand il s’agit d’évoquer le peuple norvégien. Il suffit de lire certains passages de « Northern travel », un guide de voyage publié aux Etats-Unis en 1857. Certes, c’était il y a fort longtemps. Il y a même prescription depuis. Mais si les norvégiens s’emparent du sujet, c’est que la traduction norvégienne de l’ouvrage vient tout juste d’être lancée. Alors, s’embraseront-ils à la lecture de l’ouvrage comme ils semblaient déjà le faire à la fin du XIXème siècle selon Taylor ? (« l’un des traits les plus typiques du caractère norvégien est le chauvinisme toujours alerte, qui s’embrase à la moindre provocation »), nous le saurons bientôt.
Un poète indélicat
Ecrivain, poète et grand voyageur, Bayard Taylor (connu outre-Atlantique mais ignoré sous nos latitudes) ne semblait pas doté de l’émerveillement, de l’ouverture d’esprit ou de l’empathie si caractéristiques des grands voyageurs. Son périple débute à Christiana (Oslo) et se poursuit à Trondheim à travers la région montagneuse de Dovrefjell (qu’il qualifie de lieu à « l’immoralité sans borne »). Après un crochet dans l’extrême nord-est du pays, Taylor achève sont voyage à Bergen qu’il rejoint par la côte.
Des critiques enflammées
Au cours de son périple, il rencontre des personnes de son rang (prêtes, officiers, professeurs) pour lesquelles il voue une profonde sympathie. En revanche, dès qu’il quitte les villes et s’enfonce dans les campagnes à la rencontre du « petit peuple », les descriptions perdent de leur éloge. Elles se teintent même d’une misogynie qui aurait probablement provoqué l'ire de Sigrid Undset, féministe engagée. « En Norvège, il est rare de poser le regard sur des personnes vraiment belles. Surtout les femmes qui après s’être mariées, deviennent fort peu jolies. A l’exception de quelques tribus indigènes en Afrique, je n’ai jamais vu de seins si gros, si flasques et si pendants qu’ici. » Voilà qui ravira les norvégiennes. De reste, quand Bayar Taylor est lancé, les remarques s’enchaînent à un rythme cadencé. Piqué au vif par la mauvaise hygiène des norvégiens, il affirme que « si les Vikings connaissaient le bonheur de la propreté […] les choses ont bien changé depuis et la nation a considérablement « dégénéré ».
Monsieur Taylor a-t-il au moins apprécié la cuisine Norvégienne ? Sûrement pas. Cette dernière est si mauvaise que son système digestif est incapable de s’adapter à la nourriture du pays. Le beurre est rance, le lait sur et les soupes inconsistantes. Enfin, la destination est chère.
Cette longue litanie de critiques est de temps à autre constellée de brefs émerveillements, quand Bayard souligne la beauté des sites naturels et la majesté du soleil de minuit. Gageons que les norvégiens, plutôt flegmatiques et philosophes, n’auront cure des propos blessants de l’auteur et se contenteront de ne conserver que les apologies relatives aux paysages… Et puis la Norvège n’est-elle pas le pays dans lequel il fait si bon vivre depuis plusieurs années déjà ?
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