mercredi 25 août 2010

Islande : des "pylônes humains"



Lu sur le site de The Daily Telegraph, cette proposition très astucieuse de la société d’architecture américaine Choi+Shine qui a conçu un projet innovant : transformer de tristes pylônes électriques islandais en une douzaine de personnages d’acier et de verre qui tous, traduiraient une posture ou une émotion. 
Ces sculptures, hautes de 45 mètres joindraient l’esthétique au fonctionnel et trouveraient naturellement une place de choix au coeur des paysages volcaniques islandais.
Remarqué lors de plusieurs compétitions d’architecture, le projet de Choi+Shine a été récompensé par la Société des architectes de Boston mais vient tout juste d’être écarté par la compagnie d’électricité islandaise.
Gageons qu'à l’avenir, de tels projets, à la fois artistiques et utiles, puissent remporter l’adhésion des décideurs.






mardi 24 août 2010

Norvège : biographie de Knut Hamsun


Je viens de refermer la toute dernière biographie de Knut Hamsun, publiée par les éditions Gaïa. : Knut Hamsun, rêveur et conquérant. Un pavé de huit cents pages, fruit de cinq années de recherche, de recoupement d’informations, d’analyse, de tri et d’écriture, bref, une référence majeure pour qui souhaite en savoir davantage sur le rapport entre l’écrivain et son œuvre.

Sur Internet ou dans les dictionnaires, les lignes consacrées à Hamsun reviennent abondamment sur les idéologies nazies soutenues et défendues par l’auteur durant la seconde guerre mondiale, prises de position qui lui valurent d'ailleurs un procès retentissant et le conduisirent à la ruine.
Pour autant, s’il est impossible de gommer de son existence cette sombre parenthèse, il convient de dissocier l’imbécillité de son engagement politique de la beauté de ses œuvres.
Car Hamsun, qui obtînt le prix Nobel de littérature pour « l’éveil de la Glèbe » en 1920, était avant tout un amoureux des mots.
L’un des pères scandinaves du roman psychologique, doté d’un fabuleux talent pour décrire les émotions de ses personnages, la nature norvégienne, ses paysages contrastés et ses lumières si particulières.
Deux ans avant de publier « Faim », l’oeuvre qui le révéla au grand public, Hamsun disait que le poète devait, dans toutes les situations, trouver le mot qui vibre, celui qui par sa précision, pouvait blesser son âme jusqu’au sanglot. 
Ses héros étaient à son image. Ils ne cherchaient pas l’accomplissement mais le rêve d’accomplissement. Lorsque Hamsun écrivait, il pouvait tout maîtriser, jusqu’au moindre détail. Tout était au bout de sa plume.
Dans « Faim » et « Mystères », pour la première fois à cette époque, le lecteur approfondit sa connaissance de l’homme moderne et saisit les méandres de sa psychologie.
Hamsun écrit sur l’ambivalence, la complexité ou l’incohérence du comportement humain.
Il est souvent question d’amours impossibles ou contrariés, comme dans « Victoria ».
Vouant une détestation affirmée pour le progrès, Hamsun dépeint, dans plusieurs fresques sociales et historiques, les dangers de la civilisation moderne.
Ainsi, dans  « Enfants de ce temps » et le « village de Segelfoss », il n’hésite pas à prôner le retour à la terre et à ses valeurs.
Kafka, Brecht, Wilde et Henri Miller (pour qui Hamsun était le meilleur écrivain de son temps) souligneront à plusieurs reprises la qualité de son style et la virtuosité de ses écrits.

La biographie passionnnante de Sletten Kolloen retrace également la dimension privée et personnelle d’un Hamsun totalement imprévisible. S’il était souvent excessif, arrogant et colérique, il savait aussi faire montre de générosité, d’esprit et de chaleur. Pétri de pesantes contradictions, son œuvre est à son image : composite.

Si vous êtes du côté de Caen (14) le 21 novembre prochain pour les Boréales, sachez qu'Eric Eydoux, le traducteur de la biographie de Knut Hamsun parlera en détail de la vie de l'écrivain et répondra à vos questions dès 17h à l'auditorium du musée des beaux arts de Caen.

Knut Hamsun, rêveur et conquérant, d'Ingar Sletten Kolloen, traduit du norvégien par Eric Eydoux, éd. Gaïa, 750p. 28€