En préambule….
J’ai reçu dernièrement de très nombreux messages de lecteurs qui prenaient des nouvelles de moi et s’interrogeaient sur l’hibernation anormalement longue de mon blog.
Vos attentions m’ont touché et je vous en remercie.
Pour être sincère avec vous, j’ai eu besoin de faire une petite pause dans l’écriture. Quelques points de suspension positifs dans la mesure où j’ai pu de nouveau goûter à cette sensation étrange et délicieuse qui s’accroche à moi dès que je m’éloigne un peu trop longtemps des contrées nordiques : le manque. Et c’est ce manque, stimulant et euphorisant, qui me fait revenir auprès de vous, pour vous parler de ces pays septentrionaux si chers à mes yeux et à mon cœur (résolument)…au nord.
A quelques jours des fêtes de fin d’année, je souhaitais vous parler d’un sujet peu relayé en France mais qui résonne dans toute la Scandinavie et gronde en Norvège : une pénurie de beurre sans précédent.
Chez certains commerçants, sur les marchés ou sur Internet, les prix de vente s’affolent.
Lundi dernier, 500 grammes de beurre se vendaient sur la toile à 600 NOK (environ 75 €). Dans les boutiques, 250 grammes de beurre s’arrachaient à 10 €, soit quatre à cinq fois le prix moyen.
En Norvège, le marché du lait est contrôlé à 90 % par la marque Tine. Un quasi monopole qui aux yeux des consommateurs, rend l’entreprise laitière entièrement responsable d’une pénurie qui aurait pu être évitée ou atténuée, dès les premiers signes de ralentissement de la production il y a quelques mois.
Pour assurer sa défense, Tine déploie des arguments qui peinent à convaincre, rappelant que les fortes pluies de la fin d’été ont eu des effets négatifs sur la qualité de l’alimentation des vaches, avec pour conséquence directe une baisse de la production laitière. L’entreprise pointe également du doigt le régime « low carb ». Très en vogue à l’heure actuelle en Norvège, il consiste à tartiner généreusement de beurre et de fromage ses tranches de pain, entraînant de facto, un accroissement de la demande.
Un protectionnisme étouffant
Dans son édition de mardi, le quotidien norvégien Dagens Næringsliv écrivait que depuis des années, Tine et ses fermiers, réunis en cartel, profitent d’une situation qui les protègent des lois de la concurrence et de l'entrée sur le marché de produits alimentaires étrangers plus compétitifs. Les mesures protectionnistes frappent ces produits de quotas sévères et de coûts de douane élevés (un peu plus de 3 € par kilo de beurre par exemple). Par ailleurs, d'autres règles compliquent voire empêchent leur mise sur le marché, comme les exigences de présentation des emballages en norvégien.
Mais face à l'ampleur de cette crise alimentaire, le gouvernement norvégien a consenti à un allègement provisoire de ses restrictions et passé les frais de douane de 3 € à 0,50 € par kilo de beurre.
Résultat, depuis hier, le concurrent danois de Tine, Synnøve Finden, approvisionne les commerces du royaume en beurre belge. Plusieurs centaines de tonnes de beurre devraient ainsi entrer en Norvège avant la fin de l’année. Un véritable soulagement pour la population qui va (enfin) pouvoir bénéficier d'un petit répit jusqu'au début du mois de janvier, Tine ayant indiqué une reprise des approvisionnements pour la première semaine de 2012.
En attendant, et pour être sûr de ne pas manquer de beurre, les norvégiens peuvent toujours souscrire à un abonnement au journal Firda Posten. Dans son édition du début de semaine, le quotidien local offrait 500 grammes de beurre pour toute souscription d’un abonnement minimum de 10 mois !